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lundi 2 juillet 2012
jeudi 28 juin 2012
Le Bouvier et la tisserande (conte chinois)
Il y a très longtemps un jeune garçon
vivait chez son frère aîné marié à une méchante femme. Tous les jours, elle lui
demandait d’aller faire paître le buffle et, le soir, d’aller dormir à
l’étable. Ainsi, le buffle devint le seul ami du jeune
garçon que l’on surnomma le Bouvier.
Le Bouvier prît le buffle et quitta
la maison. Ils marchèrent longtemps avant d’atteindre le lac de l’Arc en Ciel.
- Et si on s’installait ici ! dit le bouvier au buffle. Il y a ce qu’il faut pour vivre.
- Bouvier ! Bouvier !
- Moi ! Buffle !
- Tu parles maintenant !
- Oui ! Quelque-chose à te dire !
Ecoute! Tu travailles aux champs comme une bête et, au clair de lune, tu
chantes! Tu ne peux pas continuer à vivre comme ça!
Faut te marier. Avec une femme, ta vie
sera plus douce.
- Aucune femme ne voudra de moi. Je ne
suis qu’un gardien de buffles et encore d’un seul buffle !
- Demain, sera le septième jour du
septième mois. Sept fées descendront se baigner dans le lac de l’Arc en ciel.
Elles laisseront leurs robes au bord de l’eau.
Choisis la robe couleur pêche et
prends-la. La fée qui la porte ne pourra plus repartir. Elle sera ta femme.
Le lendemain, le Bouvier fît ce que le
buffle lui avait demandé.
- Mais où est ma robe ?…
- Dépêche-toi de la retrouver !
- Sans elle, tu ne peux pas repartir.
Les fées s’envolèrent la laissant
seule chercher sa robe couleur pêche. Très vite, la fée aperçut le Bouvier.
- Pourquoi ?
- Pour vous parler.
Et le bouvier de raconter son
histoire.
- Moi, on m’appelle la Tisserande. Je suis
la plus jeune des petites-filles de la Reine-Mère du Ciel. Je tisse les couleurs du
crépuscule. Et pour m’inspirer, j’observe le monde des hommes, les montagnes,
les lacs, les arbres….. C’est
tellement plus beau et plus amusant
que les cieux ! Si c’est ce que tu penses, alors reste avec moi.
Elle lui répondit par un sourire et
ils se marièrent.
Au bout d’un certain temps, ils eurent
un garçon puis une fille. La
Tisserande était heureuse mais, parfois, son cœur se serrait comme si son bonheur était en péril.
Un soir, le buffle, fatigué, dit au Bouvier :
- Je suis vieux. A ma mort, garde ma
peau et portes-la quand tu seras en difficulté.
Le buffle mourut et le Bouvier garda
précieusement la peau. Quelques temps après, avec beaucoup de retard, la Reine-Mère du Ciel
apprit qu’une de ses petites filles s’était mariée sur Terre et, elle entra
dans une grande colère.
- Gardes, garde descendez sur Terre.
Ramenez au ciel ma petite-fille, la Tisserande évidemment avec sa robe couleur pêche.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Et, un
matin, la Tisserande ,
le coeur brisé, s’envola en criant à ses enfants :
- Allez avertir votre père !
Quand le Bouvier apprit ce qui venait
d’arriver, il décida de partir à la recherche de sa femme
- Vite la peau! La peau du buffle !
Il l’enfila, installa chaque enfant
dans un panier au bout d’une palanche qu’il porta à l’épaule et se sentant
léger comme une plume, il s’envola. Soudain, dans le Ciel il aperçut sa femme, La Tisserande , escortée
des gardes. Il
accéléra et allait la rejoindre
lorsque la Reine-Mère
du Ciel traça, à l’aide de son épingle à cheveux, un grand trait juste devant
lui et aussitôt une large rivière apparut. Aucun humain n’aurait pu la
franchir. Le Bouvier et ses enfants, d’un côté de la rivière, la Tisserande , de l’autre,
se regardaient si tristement que La Reine-Mère du Ciel les prit en pitié :
Vous pourrez vous rejoindre une fois
l’an, le septième jour du septième mois. Ce jour-là, des pies s’envoleront et
viendront former une passerelle au-dessus de la rivière…….
qui n’est autre que la Voie Lactée. Encore aujourd’hui, de part et d’autre de la Voie Lactée , deux
grandes étoiles se
font face, le Bouvier Céleste et la Tisserande et, à côté
du Bouvier Céleste deux petites étoiles scintillent toujours dans la nuit.
La bouilloire magique (conte japonais)
- Frottez bien cette bouilloire !
Je veux qu’elle brille !
- Oui maître.
Les jeunes garçons astiquaient avec
énergie la bouilloire quand ils entendirent.
- Aie j’ai mal, j’ai mal !
Ils s’enfuirent en criant :
- Maître, maître…. la
bouilloire…elle a parlé ! C’est un mauvais esprit!
- Oui maître.
Le bonze posa la bouilloire sur un
brasero et, quelques instants plus tard, il entendit :
- Aie ça brûle, ça brûle !
Le bonze sursauta tandis que la
bouilloire faisait des bonds et que l’eau chaude se déversait par terre.
- C’est sûrement un mauvais esprit…
je ne peux pas garder cette bouilloire ici!
- Tu tombes bien. Prends cette
bouilloire !
- Quel beau cadeau ! J’ai vraiment
de la chance !
- Merci !
Et le bonze le poussa dehors.
- Allez va, va !
Arrivé chez lui, l’homme disposa, sur
une petite table basse, la bouilloire et un bol de riz blanc. Puis, il se tourna
et se servit de la soupe. Quand il se retourna, le riz avait disparu !
- Où est passé le riz ? Je n’ai
plus de riz…. Oh ! Quelle drôle de journée ….mais j’ai une bouilloire !
- C’est moi qui ai mangé votre riz
…. J’avais tellement faim …Je suis un tanuki …Je ressemble à un chien mais je
n’aboie pas ! Par contre je grimpe aux arbres ! Pour que vous me pardonniez je
vais vous raconter mon histoire. Quand j’étais petit… un jour où les tanukis
adultes jouaient à se transformer en objets, j’ai voulu faire comme eux, je
suis devenu une bouilloire mais après je n’ai pas su comment redevenir un
tanuki !
L’homme se réveilla et vît qu’en
effet la bouilloire avait la tête pointue d’un chien et de petites pattes !
- C’est un vrai tanuki avec un
couvercle de bouilloire sur le dos !.......Oh ! Tu es mal tombé …..Je ne peux
pas te nourrir !
- Je travaillerai pour vous ! Je
sais faire de la voltige.
- Toi !
- Oui !! Oh, faites-moi confiance !
Le lendemain, au marché, l’homme monta
sur une petite scène et appela les badauds :
- Venez voir le trapéziste
voltigeur. Venez ! Et si le spectacle vous plaît, applaudissez fort !
Venez voir ! Approchez !
Le tanuki trapéziste voltigeur eût un
grand succès qui dépassa les limites de la ville. On parla du spectacle dans
toute la région. L’homme pauvre
devint riche et il continua longtemps à montrer au public émerveillé son
tanuki, le fameux trapéziste voltigeur.
Issunboshi le petit poucet samouraï (conte japonais)
Il était une fois, un garçon de très petite taille, de la taille d’un petit doigt. Ses parents l’appelèrent Issunboshi c’est à dire petit poucet. Un jour, Issunboshi grimpa tout en haut d’un bonsaï, un arbre nain, et s’écria :
- Que
c’est beau !
Il voyait
des fleurs de cerisiers au bord d’un ruisseau. Ce soir-là, il demanda :
- Papa,
où va le ruisseau ? - A la rivière.
- Et la
rivière ? -
Derrière la montagne.
- Et
après ? -
A la ville de Kyo.
- A la
ville de Kyo, qu’est-ce qu’il y a?
Issunboshi
réfléchit :
- Papa je
veux aller à Kyo. -
Issunboshi secoue ta tête pour chasser cette idée!
- Papa je
vous demande humblement pardon …mais laissez-moi devenir un samouraï, un
guerrier !-
Vraiment ?
- Oui ! - Bien !
Avec une
aiguille et un étui en paille, ses parents fabriquèrent un katana, un sabre et
son fourreau. Puis, avec un petit bol et des baguettes en bois, un bateau et
ses rames. Issunboshi prêt pour le départ s’inclina devant ses parents et leur
dit :
- Papa,
maman…. prenez bien soin de vous.
Quelques
jours plus tard, arrivé à la ville de Kyo, Issunboshi se mît à la recherche
d’une maison où devenir samouraï. Il eut la bonne surprise d’apercevoir, dans
son jardin, le seigneur de Kyo.
- Que sa
Seigneurie pardonne mon audace …. J’aimerais être un de ses samouraï dit
Issunboshi en se prosternant, face contre terre. Le seigneur regarda Issunboshi
et trouva amusante l’idée de prendre pour samouraï un si petit homme.
- Très
bien. Tu devras apprendre à te battre avec un sabre et à tirer à l’arc. Tu
devras aussi apprendre à lire, à écrire, à dessiner et à tenir un éventail.
- Oui,
mon Seigneur.
Un jour que
le Seigneur contemplait son étang aux nénuphars, sa fille, la princesse Sakura
lui demanda :
- Père
permettez-moi d’aller voir le temple de Kiyomizu.
- Oui…
mais escortée de sept samouraïs. Souvent, sur la route, un démon apparaît et
enlève les jeunes filles.
Puis il se tourna vers Issunboshi:
- Je
compte sur toi aussi pour protéger la princesse Sakura. La princesse Sakura !
HA HA HA!
Le démon
était bien sur la route! Les samuraï, sabre en main, l’attaquèrent mais, seul,
Issunboshi lui échappa. Il lui criait :
- Je n’ai
pas peur de toi ! Je n’ai pas peur de toi !
Le démon
qui ne comprenait pas d’où venait cette voix finit par regarder à ses pieds :
Il
l’attrapa et l’avala.
-
Maintenant princesse Sakura suivez-moi.
A peine
avait-il prononcé ces mots qu’il se plia en deux.
- Aïe,
j’ai mal! J’ai très mal !
Dans le
ventre du démon, Issunboshi, de son sabre, frappait de toutes ses forces.
- Ouvre
la bouche, démon ! Démon ouvre, ouvre ta bouche !
Dès que le
démon ouvrit la bouche, Issunboshi apparût.
-
Princesse Sakura, tout va bien ?
Issunboshi
sauta au sol.
-
Maintenant démon, déguerpis sinon tu auras affaire à moi ! T’as entendu ?
- Oui
j’ai entendu.
Et le démon
disparût tandis que la princesse Sakura ramassait un petit marteau qu’il avait
laissé tomber ….oui, le petit marteau qui permet d’exaucer tous les voeux….
-
Issunboshi, fais un voeu.
- Je veux être grand !
Hoichi, le joueur de koto (conte japonais)
Il était
une fois, Hoichi, un joueur de koto. Hoichi vivait au temple d’Akama où un
moine lui avait appris à jouer du koto, une sorte de cythare. Et, Hoichi avait
vite dépassé tous les joueurs de koto de la ville.
Un soir
d’été où Hoichi faisait brûler un bâton d’encens, il sentit une présence
étrange et entendit…...
- Hoichi
! Hoichi !
- Qui
m’appelle ?
- Hoichi
!
- Mais
qui êtes-vous ? Excusez-moi ….. Je ne vois pas. Je suis aveugle.
- Je suis
un samouraï, un guerrier. Suis-moi !
Intrigué,
Hoichi prît son koto et se leva.
- Monseigneur,
le joueur de koto est là.
Le samouraï
toucha l’épaule de Hoichi qui salua respectueusement avant de s’asseoir et de
sortir son koto de son fourreau. La nuit était déjà bien avancée quand le
samouraï raccompagnant Hoichi au temple lui confia :
- Mon
Seigneur dit que ta musique charmerait même les oiseaux ! Il veut que tu
viennes jouer pour lui les six prochaines nuits.
- Je
viendrai.
Le
lendemain soir, à la même heure, Hoichi entendit :
- Hoichi
! Hoichi !
- Je suis
prêt !
De même, les soirs suivants. Mais un jour, Hoichi entendit son maître lui dire :
- Maître,
je joue du koto à la cour du seigneur.
- Quel
seigneur ?
- Celui
du samouraï qui vient me chercher le soir en m’appelant par mon nom.
- Quel
chemin prenez-vous pour arriver chez le seigneur ?
- Maître,
nous traversons un pont en bois. Puis, nous prenons un chemin qui sent les
plantes sauvages. Au bout d’un certain temps, le samouraï pose sa main sur mon
épaule alors je sais que nous sommes arrivés.
- Tu n’as
pas peur de suivre le samouraï?
- Au
contraire, maître, comme le vent je file derrière lui.
- Hoichi,
le samouraï est un fantôme. Il t’emmène sur la tombe de l’empereur Antoku, mort
il y a quelques centaines d’années. Tu ne dois plus le suivre. C’est dangereux.
Je vais inscrire une prière sur ton corps pour te protéger et te rendre invisible
au samouraï.
Le soir qui
suivit, le samouraï appela :
- Hoichi
! Hoichi !
Hoichi
demeura immobile, assis en tailleur à côté de son koto. On aurait dit une
statue.
- Le koto est là mais où est Hoichi …. Le fantôme chercha partout dans le jardin quand, soudain, il remarqua à côté du koto les deux oreilles de Hoichi qui flottaient dans l’air.
- Ah
Hoichi est là mais il n’a plus de bouche pour me répondre ! Je ne peux pas
faire attendre plus longtemps mon Seigneur, je dois l’emmener avec moi.
Il attrapa les oreilles de Hoichi et les tira si fort qu’il les arracha ! Le lendemain lorsque le maître se leva, il remarqua une tâche de sang à la place des oreilles de Hoichi.
- Hoichi,
le fantôme a emporté tes oreilles ! Je te demande pardon ! J’avais oublié d’y
inscrire la prière !
Certes,
Hoichi n’avait plus d’oreilles mais, grâce à son maître, il avait échappé au
fantôme.
Les grenouilles Samouraïs de l’étang des Genji
(Texte des Kazunari Hino -Traduit du japonais
par Renée Garde)
C’était, par un matin d’été, sur l’étang des Genji. On entendait chanter grenouillettes et grenouillets qui jouaient à « un-deux-trois-perdus ! » et à « chat perché » sur les feuilles de nénuphars.
Cela faisait quand même une armée de dix mille grenouilles, et toutes vaillamment poussaient leur cri de guerre : « Oh… Hé ? Oh… Hé ! » en se portant à l’assaut du bois des Heiké. Mais avant même d’atteindre le bois… elles voient surgir ce chat malfaisant ! Voilà qu’au milieu des grenouilles, il fait un bond, donne des coups de dents, de griffes de tous côtés. Les grenouilles samouraïs envoient leurs flèches, mais les aiguilles de pin ne font pas mal au chat. Elles donnent des coups de lance, mais leurs lances-pissenlits ne font pas mal au chat, et leurs poignards en épines de cédratier ne se plantent pas dans son corps.
Ah ! Comme il était grand l’étang des Genji, et comme il était vieux ! On ne savait plus depuis quand, au bord des eaux claires, poussaient tout plein de belles fleurs et de jolies plantes.
A l’ombre d’un cyprès plusieurs fois centenaire vit Grand-Père Crapaud tout plissé de rides. A ces éclats de voix, voilà qu’il ouvre un œil… Il lâche un gros éternuement avant de mettre son biwa sur ses genoux et de gratter les cordes : beng, beng, beng…
« Du monastère de Gion la cloche en écho
Et de l’arbre de Shara la couleur changeante
Dans un bruissement nous racontent
Qu’au souffle du vent les fleurs s’éparpillent
Et que même fortes les grenouilles faibliront. »
Beng beng beng beng beng beng…
Les petits aussi se mettent à chanter :
Grand-Père Crapaud tout plissé de rides.
Jusqu’au fond de ses rides, il se plisse encore
Beng beng beng, il se plisse encore… »
Alors Grand-Père Crapaud tout heureux leur dit :
Venez tous par ici, venez ! Je vais vous raconter une très vieille histoire, la très vieille histoire de la bataille de Genji et des Heiké. Cela se passait à l’époque où le cyprès plusieurs fois centenaire n’était pas plus haut que vous, mes chers petits. Vous voyez comme elle est ancienne, mon histoire…
« Au bord de l’étang des Genji, depuis toujours vivaient plein de grenouilles, Crapauds des joncs, rainettes vertes et rainettes rousses. Le seigneur de l’étang, un crapaud tacheté, était un samouraï du clan des Genji et c’est pourquoi cet étang s’appelle l’étang des Genji, voyez-vous. Au bord de cet étang les jours s’écoulaient heureux et paisibles, et l’on entendit, porté par le vent, le son des pipeaux des grenouilles musiciennes.
Mais par un bel été survint la catastrophe : il faisait noir, très noir et chaud, quand un cri transperça la nuit.
« Au secours, au secours, quelqu’un ! »
Se demandant ce qui pourrait bien se passer, les grenouilles s’assemblèrent et, tremblant de peur, s’approchèrent. Elles virent une dame rainette verte avec une affreuse balafre dans le dos, et en tenue de samouraï une rainette rousse venue à son secours.
La dame répondit : « Un monstre aux yeux luisants m’a soudain saisie de sa griffe et m’a jetée par terre. »
Sur le sol, au nombre de quatre, il y avait des empreintes que l’on n’avait jamais vues.
La grenouille samouraï s’adressa humblement à un jeune sonneur : « Messire Ushiwakamura, je vous prie d’annoncer avec votre pipeau qu’un monstre est apparu. »
Le jeune musicien souffla dans son pipeau : « Annonce à tous, alerte générale ! Aux abords de l’étang, un monstre est apparu ! Allez tous vous cacher tout au fond de l’eau ! ».
On réveilla le seigneur Yoritomo, le plus illustre du clan, qui donna l’ordre au Général des brigades Yoshinaka de lui faire un rapport. Puis, il se rendormit. Messire Yoshinaka donna l’ordre à ses samouraïs de lui faire un rapport. Puis, il bailla très fort. C’est alors qu’arriva une rainette rousse qui dit : « Je me permets, Messire Général, de vous signaler qu’on a trouvé près de l’étang des empreintes au nombre de quatre ainsi que ceci. » Elle lui tendit un objet long et blanc.
Alors Tomoé répondit : « A mon humble avis, cela vient de la moustache d’un chat Heiké. Ces chats sont des êtres malfaisants qui depuis toujours s’amusent à nous terroriser, nous les pauvres grenouilles… Oui, ce doit être un poil de la moustache de Munémori qui demeure dans le bois des Heiké ! La cicatrice sur ma joue, c’est un des mauvais coups de ce chat-là ! »
« Au combat ! Samouraïs de l’étang, venez tous ! »
Sur ordre du seigneur Yorimoto, les grenouilles samouraïs de l’étang prirent leurs armures, leurs casques et leurs lances et se rassemblèrent tout autour de l’étang. Ce jour-là, le Général Yoshinaka portait une tunique en feuilles de bambou. Une armure à lacets d’églantier pourpre, et son casque en coquille de noix était garni de ronces en guise d’antennes. Il tenait un arc en tige de prêle et se disait que vingt flèches en aiguilles de pin devraient venir à bout d’un chat Heiké.
Cela faisait quand même une armée de dix mille grenouilles, et toutes vaillamment poussaient leur cri de guerre : « Oh… Hé ? Oh… Hé ! » en se portant à l’assaut du bois des Heiké. Mais avant même d’atteindre le bois… elles voient surgir ce chat malfaisant ! Voilà qu’au milieu des grenouilles, il fait un bond, donne des coups de dents, de griffes de tous côtés. Les grenouilles samouraïs envoient leurs flèches, mais les aiguilles de pin ne font pas mal au chat. Elles donnent des coups de lance, mais leurs lances-pissenlits ne font pas mal au chat, et leurs poignards en épines de cédratier ne se plantent pas dans son corps.
Pour les grenouilles malmenées, le combat fut perdu. L’armée de dix mille grenouilles battit en retraite. Le seigneur Yoritomo n’en revenait pas : les rangs de ses vaillants Genji avaient été vaincus. Il ne comprenait pas et ne savait que faire. C’est alors que le chat se montra et fit un tour de l’étang, qui laissa les grenouilles tremblantes comme des feuilles. Ah ! Que ce chat des Heiké était effrayant !
Derrière les grenouilles adultes regardant le chat, il y avait un grenouillet, le jeune sonneur Ushiwakamaru, qui proposa une tactique géniale : « Les chats depuis toujours vivent sur la terre ferme, où nous ne pouvons l’emporter. Mais si nous, grenouilles, combattons sur l’eau, ce n’est pas un chat incapable de nager qui nous vaincra ! »
« Holà, méchant chat des Heiké ! Tu veux quelque chose à te mettre entre les griffes ? »
Et d’un bond, d’un seul sous le nez du chat, voilà qu’Ushiwakmura l’attire jusqu’au bord de l’étang. Sur l’étang flottait une feuille de nénuphar et Hop ! Ushiwakamura saute dessus. Le chat le suit sur une feuille énorme, qui ne s’enfonce pas. Ushiwakamura saute sur la feuille suivante et attend sans bouger.
« Il est fait ! » Se dit le chat en bondissant.
Aussitôt le nénuphar se mit à couler.
Le chat, dit-on, tout au fond de l’étang se transforma en un tout petit crabe et c’est pour ça, dit-on, qu’au fond de cet étang, l’on trouve des crabes « à masque de Heiké ».
Ainsi se termine mon histoire de la guerre des Genji et des Heiké. »
A ces mots, Grand-Père Crapaud s’enveloppe dans ses rides et sombre dans sa sieste.
Ciel d’été par-dessus l’étang, les petits aussi font la sieste au son d’une berceuse apportée par la brise tout doucement sur l’étang paisible des Genji.
Berceuse de l’étang des Genji
Les sept herbes du printemps, dites-moi, je vous prie leur nom !
La ravenelle, le chou-navet, la lampsane, la morgeline, la bourse à pasteur, le cerfeuil et l’immortelle.
Les sept herbes de l’automne, dites-moi, je vous prie, leur nom !
La mignonette, la puéraire, l’eupatoire, l’aigrette argentée, le grand trèfle des prés, la valériane…
Et pour la septième, que dirons-nous, le liseron pourpre ou la campanule ?
Eh bien, nous choisirons dans nos rêves !
Urashima Taro le pêcheur (conte japonais)
Il était
une fois, un jeune pêcheur, Taro. Un matin, prenant sa barque, il aperçut des
garçons qui s’amusaient à tourmenter une
petite tortue.
- Mais ça
ne se fait pas de faire souffrir un animal! Laissez cette pauvre tortue
tranquille!
- Oncle
Taro si on t’obéit, qu’est que tu nous donneras ?
- Je vous
offrirai une toupie.
Taro prît
délicatement la petite tortue et la remit à l’eau.
-
Au-revoir petite tortue ! Au-revoir !
Et il
partît pêcher en mer.
A son
retour, Taro alla acheter une toupie pour les garçons et, comme il était
généreux, il prît aussi un cadeau pour ses parents. Quelques jours plus tard,
Taro avait jeté son filet au large, lorsque, brusquement, le vent se leva.
Debout, Taro ramait de toutes ses forces pour revenir vers la côte mais la
barque chavira. Taro perdît connaissance et se sentit entraîné vers les fonds.
Quand Taro se réveilla, il était assis sur le dos d’une grande tortue qui lui
parla.
-
Taro-san, monsieur Taro, vous avez sauvé mon fils des mains d’enfants cruels.
Je vous en suis reconnaissante et je vais vous le prouver en vous emmenant au
palais de la princesse de l’océan Otohimé-sama.
- Aimable
Taro, sois le bienvenu. Ce soir, je donne une grande fête en ton honneur.
Dans le
salon de cristal, Taro vit danser des poissons aux mille couleurs. Il goûta à
des beignets de fruits de mer et à des gâteaux de riz servis par d’élégantes
pieuvres rouges. Ensuite, la princesse chanta en s’accompagnant au koto une
sorte de cithare.
Sakura
Yayoi
no sora wa
Kasumi
ka kumo ka
Nioi
zo izuru
Izaya,
izaya,
Mi ni yukan
Cerisier (bis)
Le ciel du mois de mars est éternel
Brume et nuages se dissipent
Allons voir (bis)
allons voir les cerisiers...
Taro ne
s’apercevait pas du temps qui passait. Il vécut une année heureux sans soucis.
Puis, peu à peu, il se mît à penser à sa famille et il eût envie de retourner chez
lui.
- Belle
princesse, vous m’avez donné beaucoup de bonheur …. mais il est temps que je
rentre à la maison.
- Taro je
regretterai ton départ mais fais ce qu’il te plaît. En signe d’amitié, accepte
ce Tamaté-bako, cette boîte…ne l’ouvre jamais.
Taro s’inclina
profondément pour saluer la princesse et s’en alla.
En un rien
de temps, la grande tortue le déposa au rivage. Taro courut vers sa maison, il
avait hâte de retrouver sa famille. Mais ….à l’endroit où aurait dû se trouver
sa maison il y avait un jardin avec des arbres centenaires.
Il alla au
village pensant y trouver la réponse aux questions qu’il se posait…. mais au
village il ne reconnut rien ni les maisons ni les personnes qu’il croisait !
Inquiet, il se dirigea vers un vieillard et en s’inclinant lui demanda :
- Est-ce
que vous connaissez la maison d’Urashima Taro?
Oh non,
il n’y a personne de ce nom au village ……mais … mais laissez-moi réfléchir….il
y a bien longtemps quand j’étais petit, j’ai entendu mon grand-père raconter
qu’un gentil garçon du nom d’Urashima Taro avait disparu en
mer un
jour de tempête et que ses parents en sont morts de chagrin.
- Vous
avez entendu ça quand vous étiez petit ?
Taro n’en
revenait pas ! Comment était-ce possible qu’une année passée au palais de la
princesse corresponde à cent ans sur terre. Pendant qu’il réfléchissait, il
regarda la boîte que la princesse lui avait offerte.
Et si
j’ouvrais cette boîte ? Que peut-il m’arriver de pire que ce que je vis en ce
moment ? pensa-t-il en ouvrant la boîte. Une fumée blanche s’en échappa et
l’enveloppa. Alors, ses beaux cheveux noirs devinrent tout blancs,
son dos se
voûta, ses mains se mirent à trembler et, Taro ressembla à un très, très, très
vieux monsieur. Et oui la princesse, en signe d’amitié, avait offert à Taro
l’éternelle jeunesse et avait enfermé dans la boîte sa vieillesse.
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